vendredi 1 novembre 2013

Marine GESSAT, joueuse de poker



Mon histoire commence en juillet 2008. Je dépose 50$ sur Everest Poker. Après quelques mois à tester les différentes variantes et à me plonger dans des livres, vidéos et TV pour m’améliorer, je me lance dans les tournois on-line, nous sommes en octobre 2008… et je n’ai que 35$ sur mon compte.


 
 
 

Octobre 2008 – Mes débuts en MTT
Les tournois auxquels je participe sont dans un premier temps à buy-in très limités : 1$ « one chip one chair » comme on dit ! Après quelques tentatives et quelques bulles, je gagne enfin mon premier tournoi : 125$ environ. Je connais alors une période extraordinaire où j’enchaîne les tables finales des 2$ recave, des tournois à 5$ freezout et turbo et ma bankroll passe en un mois à 550 $.Je ne n’en reviens pas mais je garde la tête sur les épaules, il est tout aussi facile de perdre et je n’ai pas encore la moindre idée de ce qu’est une bankroll management.

Novembre 2008 – Et si le poker n’était pas un jeu de chance ?Avec mes 550$ sur mon compte, je commence à faire quelques tournois à 10$ recave en plus de mes 2$ recave. Tout se passe bien car j’arrive à jouer quelque 5500 $ de buy-in et cumuler dans les 8500 $ de places payées dont la première place du 10K garanti d’Everest Poker à 3700$… bilan +2400$ sur le mois et de plus en plus envie de continuer. En parallèle, j’étudie beaucoup le jeu, continue à lire beaucoup de livres, regarder des vidéos etc.. Je m’inscris sur des sites aussi car j’ai envie de progresser et ne vois pas les journées passer.



Décembre 2008 à juin 2009 – Devenir une regular des MTT
Je deviens une vraie regular et je gagne dans les 15 000$ net en 6 mois. J’ai dû jouer dans les 1500 MTT rien que sur cette période. Des moments épiques comme ma 2nd place au 30K garanti contre Bruno Launay (brubru34) en head-up, qui est maintenant passé pro ; certes un peu déçue mais je manquais d’expérience en head-up à l’époque. Un autre moment durant cette période qui restera un super souvenir pour moi, le doublé dans la même soirée du 10K recave et du 5K garanti d’Everest, 5500$ net dans la soirée c’est juste la magie du poker! Dans le même temps je commence à jouer un peu en live, je participe au BPT Deauville en mai, superbe tournoi bien que vraiment trop rapide dans la structure, je suis à la table de Vikash Dhorasso qui trouvera un full à la river contre ma quinte, le coup part à tapis à la turn, that’s just poker ! Pas de regret, superbe expérience.

Juillet à décembre 2009 – Break poker
Je dispose de moins de temps durant cette période pour jouer comme je voudrais on-line. Je repars donc sur un petit challenge sans me fixer de limite de temps : passer de 50 $ à 1000 $ en SNG uniquement. Avec une bonne gestion de bankroll (25 buy-in d’avance pour monter de limite), j’atteins ce petit objectif ! J’essaie aussi de décrocher un package pour un side event des WSOP, ça ne sera pas pour cette année. Nous sommes en octobre, Everest Poker lance « Live the Dream » et 10 contrats de sponsoring à gagner d’une valeur de 100K chacun. En plus on peut se qualifier pour un classement SNG, je fonce ! Ce n’était pas très difficile de se qualifier, et je sortais d’une période de sng, j’avais la main.


Janvier 2010 – Live my Dream ?
Everest Poker organisait un casting avec à la cléf 10 contrats de sponsoring d'une valeur de 100000$ chacun, pour permettre à des joueurs de se lancer dans une carrière pro de poker. Il faillait déjà passer les selections online, sur les 7000 joueurs à avoir participé, il n'en restait que 200 pour le casting en live.
Ca y est, nous voilà à Vienne, 200 joueurs qualifiés pleins de rêve en tête et je compte en découdre. Parmi les épreuves qui servaient à marquer des points pour le casting, du cash game qui n’est pas un type de jeu que j’ai pratiqué pour l’instant, je termine sans perdre de cave c’est déjà ça. En SNG c’est bien mieux, je termine 1ère et 3ème sur les 2 disputés, si bien que j’ai été citée dans quelques magazines : Live Poker et CardPlayer. L’entretien avec Antoine Saout qu’on ne présente plus et Céline François qui est responsable marketing France d’Everest, s’est bien passé aussi je pense, mais ce n’est pas à moi d’en juger. Arrive le moment des annonces pour le day 2, je ne suis pas retenue, ça sera pour une autre fois, je termine 28ème sur 200. Le niveau était très relevé et je manquais encore d’expérience en live, next time.
En tous cas ce fût une très belle expérience, une superbe organisation et j’ai pu rencontré pas mal de joueurs très sympas parmi les français.

En 2010, j’ai pris ma carte à l’ACF pour jouer plus régulièrement en live, mon but cette année si je gagne suffisamment sur le net. Je compte passer nova sur PS, grinder les SNG pour arriver en regular à 100/200$ d’ici la fin de l’année et me payer mes tournois en live ainsi…

Le reste de mon histoire est à écrire. Bienvenue sur mon blog :)
Marine Gessat

Enfin une victoire en live !



Depuis que j’ai commencé mon blog, je vous ai raconté pas mal de déboires dans mes tournois lives : bads, bulles et j’en passe… il était temps qu’un tournoi se passe bien. C’est chose faite et je suis heureuse, motivée comme jamais pour continuer avec enfin la confiance nécessaire pour gagner.

Fin mai, j’avais gagné un package sur 888 pour le Nation Cup Team Tournament en Croatie, un tournoi par équipe de 4 et une destination de rêve près de Split. Nous étions logées pas loin de la mer et avons profité de notre semaine pour visiter et faire un peu de farniente. J’avais prévu de disputer le ME à 1000 euros mais malheureusement le dernier jour de ce tournoi tombait en même temps que le tournoi par équipe.



Le tournoi commence
Nous voici le 27 Août. Il est 21h00, le tournoi que nous attendions toutes va commencer. Fières de représenter PokerGirlz et 888 Poker qui nous a sponsorisées pour cet événement, la pression commence cependant à monter car l’épreuve s’annonce cruelle. En effet, chaque équipe dispose d’un seul et unique stack que nous allons reprendre à tour de rôle. Une seule erreur et l’équipe entière est éliminée.
Heureusement, nous avons plusieurs atouts de notre côté. Le stack de départ est relativement profond, 25000 chips et des rounds de 20 minutes, 25/50 pour commencer. Ensuite, Claire Renaut et Fabrice Soulier doivent venir nous soutenir. Ce n’est pas tous les jours que des joueurs amateurs pour la majorité ont du public et coach de classe mondiale à leur côté. Et on peut le dire, nous avons pour nous une intuition féminine dont nous allons essayer de tirer partie !

 
 

 












En fait il s’agit plutôt d’un sit’n go car nous ne sommes que 8 équipes au départ : 3 équipes croates qui ont l’air agressives, une équipe anglaise, une équipe suédoise, une équipe italienne sponso, l’équipe française des garçons qualifiés online en même temps que nous et bien sûr les pokergirlz qui aimeraient bien ramener le trophée dans leur pays.

J’ouvre le bal
les 20 premières minutes, le stack ne bouge pas, j’en profite pour profiler les joueurs que je risque de retrouver par la suite. Marie, aka ‘Quellange’, reprend la suite des opérations, et monte de quelques milliers de jetons grâce à un AK en mains. Florence, aka ‘Flodepar’ profite de ses 20 minutes pour gagner également quelques coups dont un grâce à un check raise bien senti au flop avec sa top paire. Mazal, aka ‘Natania’ entre en piste et va slowplayer un brelan d’as en check call chaque tour hors position, face à un joueur dont le pseudo pourrait être ‘jemisejemisejemise’. Son coup nous permet de l’éliminer et nous fait montrer à 34000 chips, presque chip leaders de la table. Nous voilà en confiance pour la suite.

2ème round pour chaque joueur
De mon côté pour le moment rien de marquant, je n’ai pas encore disputé un gros pot. Je relance normalement les blinds de 200/400 qui commencent à valoir la peine d’être dérobées. Quellange, va alors faire un très joli coup en relançant QJs pour trouver une top paire au flop, qui va s’améliorer en quinte par les 2 bouts à la turn et toucher sa quinte à la river. Enfin de l’action chez les filles, elle arrive à bien rentabiliser son coup et nous voilà propulsées à 70000 chips. Ca y est nous sommes en tête ! Malheureusement, Flodepar et Natania ne touchent rien et en 40 minutes notre stack va redescendre à 50000 chips.

3ème round
Les blinds sont maintenant à 500/1000, il est temps de changer de tactique et de se montrer plus agressive. Je profite de mon image jusqu’à présent serrée pour me montrer active : je relance any two cards au bouton, je 3 bet en small ou big blind, quand on va au flop je 2 ou 3 barrel, parfois avec en 9 high... me voici en mode agression. Je touche alors une paire d’as au bouton, Gum de l’équipe des garçons défend sa blind avec AK en me place un 3 bet. Au flop il bet et je flat call, à la turn il me check raise et je push. Le voici committed et il n’a pas d’autre choix que payer vu les jetons au milieu. Ca y est, nous avons doublé. Je continue à agresser la table me retrouve à tapis face à l’équipe suédoise qui a décidé de me résister avec une pocket 8 en mains. Je gagne le 50/50, nous revoici chip leaders et nous ne sommes plus que 3 équipes en course. Je me lève, les filles et Fabrice me disent de continuer comme je suis en plein rush, let’s go ! Me revoici en piste pour 20 minutes.

Les tapis à ce moment :
100000 pour nous !
75000 pour les garçons
50000 pour la dernière équipe croate

Le croate comprend assez vite que les choses allaient devenir sérieuses. Fred place un superbe squeeze en big blind pour l’affaiblir un peu plus. Je termine le travail face à lui avec une paire de… 2. En effet, après avoir ouvert contre lui en small blind, il n’avait plus de fold equity puisqu’il me suffisait de compléter pour 30% son all-in, je le couvre largement à ce moment. La chance est de notre côté, ma paire tient face à son K7 et nous voici en head-up.


Trop heureuses d’être arrivées là, nos 2 équipes de frenchies décident de dealer à 50/50 et de jouer pour la coupe. La pression retombe de mon côté et je laisse le head-up à l’équipe des filles et Mazal se retrouve face à Gum. Comme elle le couvre de 2.5 fois son tapis, elle joue la carte de l’agression et lui fait tapis 4 fois d’affilée. La 5ème sera celle de trop car Gum la suit naturellement avec AK, oups nous sommes mal embarquées avec KQ de notre côté. Mais c’est sans compter sur la bonne étoile de Mazal qui va trouver 4 trèfles au board et remporter son 30/70, whaouuuuuuuu ! Nous voilà tous les 8, avec nos t-shirts 888, à nous partager 8888 euros (enfin presque) et avec un grand sourire.



Ce fût une véritable expérience que de jouer en équipe, à revivre encore et encore. Nous voici avec une belle victoire en prime à la clef, que demander de plus ? Je tiens à remercier du fond du cœur et au nom de toute l’équipe Fabrice et Claire pour leur soutien tout au long du tournoi. Un cœur grand comme ça, un très bel état d’esprit et un talent qui n’est plus à démontrer, nous vous souhaitons un énorme good luck pour vos prochains tournois.

Lors du tournoi, j’ai également rencontré Fred aka ‘D8’ que je ne connaissais pas… un super niveau de lecture et d’agression, 100K de gains en live au compteur et par-dessus tout super sympa. Je ne me fais pas de sourcils pour toi Fred, encore une belle perf et tu passes pro sans problème. Que font les rooms ?

Michel, titipoker, Eric et Patrick de l’équipe des garçons étaient très sympas et j’espère vous revoir sur un prochain tournoi ! Quellange, ma compère pour les whisky coca, qui joue bien, va démarrer sa bankroll sous peu en jouant des HU, go go go. Flo je te trouve super sympa et bonne joueuse et j’ai bien sympathisé aussi, on se retrouve bientôt pour une partie.







Ticket pour le ME des FCOOP sur Pokerstars
Après avoir tenté le satellite 10 euros+R à 2 reprises sans succès, la troisième fois est la bonne. 3h00 de jeu et je sors première sur les 36 au départ, un ticket à 500 euros pour le FCOOP fin octobre. J’ai hâte ! Le tournoi s’annonce grandiose : 20000 chips, de rounds de 30 min et au passage 500K garantis.


Mon programme de Septembre est assez calme pour le moment, mais le King 5 de Winamax va bientôt démarrer et Maju et les « Face to Face » vont revenir en force pour tenter d’aller loin. Tiens, je viens de voir qu’à la fin du mois à Wagram il y a un beau tournoi sur 2 jours à 1000 euros : 15000 chips et des niveaux de 40 minutes. C’est correct et je suis ‘in’ sauf cas de force majeure !

lundi 21 octobre 2013

Carnet de route de Marine à Vegas




 
 

Qui a dit qu’il fallait de la chance au poker ? Voici une belle histoire, en tous les cas elle commence bien : en jouant le France Poker Tour à l’ACF, je vois un jeu concours sur une affiche depuis ma table. Le titre est plutôt alléchant : « Qualifiez-vous pour le Main Event des WSOP avec la personne de votre choix pour vous accompagner à Vegas grâce à notre tirage au sort ». En remplissant le formulaire je me dis que l’heureux gagnant en aura de la chance, se qualifier en 3 minutes quand les requins enchaînent les satellites online des nuits entières, c’est un peu comme arriver en limousine devant une boîte de nuit et passer devant tout le monde en VIP. C’est la classe. En même temps ça tombe bien, voici la version longue de mon article de septembre paru dans Poker VIP.




Quelques semaines s’écoulent, je regarde mes mails et au moment de supprimer les spams le titre d’un message attire mon attention : « Félicitations Marine, vous avez remporté notre jeu concours ». Ma première réaction « juste une publicité de plus, direction poubelle », mais quand je vois que l’expéditeur n’est autre que ACFpoker.fr, j’ouvre le mail dans la seconde et me rends compte qu’il est trop personnalisé, qu’il ne peut s’agir d’une newsletter. Je parcours les lignes à la vitesse de la lumière, mon cœur s’accélère quand je lis qu’on va m’appeler prochainement : « C’est vrai, J’ai gagnéeeee !!! »


La tête dans les nuages, j’apprends que nous serons logés 10 nuits au Bellagio, que nous avons le choix des dates aller/retour ainsi que le choix du day 1D qui me convient pour le Main. Je devais m’y attendre, la maison fait dans le sur-mesure. Normal pour une maison de haute couture, ce qui est bon à savoir pour les joueurs qui visent les gros tournois en live et n’ont pas encore de compte sur ACFpoker.fr. En 48h00 et seulement 3 semaines avant le départ tout était réglé : réservations, assurance voyage, interview, contact avec Ness sur place qui viendra ma chercher à l’aéroport…comment dire… à bord d’une limousine !

La pression commence à monter, Las Vegas j’arrive et j’ai une revanche à prendre sur l’année dernière. Je sortais de l’Event 54 juste avant la bulle avec mes as à tapis préflop. Cette année j’ai gagné le tirage au sort, le sort en est jeté, les dés sont lancés, faites vos jeux, les jeux sont faits, tout va très bien et je compte en découdre.


Samedi 9 juillet

En route pour Vegas, ce qui va nous changer de Paris qui tarde à passer en été. Cette fois nous avons prévu 3h00 d’avance à l’aéroport. Si vous parcourez mon blog vous savez que ma dernière expérience avec un aéroport n’a pas été une franche réussite, passons. Le trajet vers Seattle où nous avons escale passe très vite ; entre la vingtaine de films proposés, les CD, radios, jeux vidéo, il ne manque la poker room de l’Aviation Club sur les écrans. Arrivés à la douane, toujours un pur moment de bonheur aux U.S., on nous fait jeter tout aliment qui vient de l’étranger alors qu’en soute ça passe. Et même une canette de coca pas entamée, un comble. On remet à la douane un formulaire pour leur faire part de notre bonne foi, surtout après avoir coché que nous ne transportions pas d’élevage d’escargots. Est-ce parce qu’en France nous aimons manger ces pauvres petites bêtes ? Avec mon mari nous avons un peu de famille aux states mais je dois avouer n’avoir jamais pensé à leur offrir des œufs de gastéropodes en cadeau. Nos passeports sont enfin décorés du précieux cachet d’autorisation et je dois bien avouer que ce ticket a été plus long à obtenir que celui du Main Event. Direction la sortie avant le prochain avion, mon mari commence à avoir envie de fumer. Pas la moindre smoking area à l’intérieur, normal. Enfin à l’air libre, en compagnie d’autres touristes, il allume sa cigarette tant attendue. Un policier à vélo arrive à vive allure, les disputes avant de les envoyer à 300 mètres dans la (seule) smoking area, qui mesure 30 m2 pour une cinquantaine de fumeurs bannis, laissés pour compte en plein soleil d’une société qui n’assume pas les produits qu’elle fabrique.

Nous voici à Vegas, Ness et son mari nous attendent et on passe au Rio m’inscrire à l’avance pour demain. Direction le Bellagio. Notre chambre est magnifique, la vue donne sur la tour Eiffel pour ne pas être trop dépaysés. Nous-nous écroulons littéralement sous la fatigue.





Dimanche 10 juillet

C’est aujourd’hui le grand jour, me voici reposée. Direction le Spice Market au Planet Hollywood pour un petit déjeuner succulent et varié. On peut même y trouver des tacos mexicain ou de la paëla de bon matin, hum…







J’arrive en taxis au Convention Center du Rio. Dans les allées il y a des vendeurs en tous genres : barres chocolatées anti bad beats, boissons énergisantes pour enchaîner les tournois, chaussons relaxants pour partir du bon pied, livres de pros pour rattraper ses lacunes avant le grand oral, lunettes anti réflexion pour ceux qui en manquent, massage, bars à oxygène. Plus utile : des vestes chauffantes pour résister aux 15°C, température ambiante qui règne dans les salles de poker.
Je croise Vanessa Rousso, on se souhaite good luck le temps d’une photo avant de démarrer le tournoi. Je fais le vide, ce n’est pas rien de défendre les couleurs de l’ACF, de Poker Academie et de The Korporation, je suis fière de cette triple casquette.







Les croupiers à table sont très sympathiques et mettent à l’aise les joueurs. Etant étrangère, ils répètent les montants des mises pour être certains j’ai bien entendu. Les joueurs discutent entre eux ou se connaissent, peut-être ont-ils disputé un event sur la même table la veille ? L’ambiance générale est plutôt détendue, autour des joueurs les journalistes s’activent énergiquement sur leurs calepins, les flashs justifient le port de lunettes noires pour tenir la journée. Les caméramans font le marathon pour tenter d’avoir le plus possible de joueurs et pouvoir, lors du montage, retrouver dès le day 1 les November Nine.



Mon début de tournoi est assez difficile, d’entrée de jeu je dois folder un brelan flopé contre une quinte probable à la river vu le montant de la relance adverse. Heureusement vu la structure très deep avec 30 000 jetons et des niveaux de heures, ce n’est pas décisif pour la suite. Un peu plus tard, un shortstack me relace à tapis préflop pour 6K et je m’empresse de payer avec KK. Il retourne JJ et touche à la turn son jack. Deuxième coup dur. Dans le niveau 3, ma paire de dames se retrouve face à un brelan à la river. Me voici à 7K assez mal embarquée. Arrive un vrai rush où je touche les as et les rois à plusieurs reprises. Je suis d’autant mieux payée de j’ai une image agressive, petit tapis oblige ! Après ces rebondissements je termine le day 1 à 28K, plutôt heureuse d’être revenue de loin.



Lundi 11 juillet

Aujourd’hui repos. Pendant que les survivants des days 1A et 1C entament leur second round, je vais en profiter pour me remettre du décalage horaire. Direction la piscine du Bellagio. Après 10h00 de jeu et ce bruit incessant des jetons, j’apprécie le calme des fontaines, de quoi reprendre la suite dans les meilleures conditions. Direction l’Outlet Center, paradis du shopping situé à quelques miles du Strip. Des réductions de 40 à 70% sur des marques de prêt-à-porter, si on ajoute la parité €/$ favorable, c’est un move EV+ qui mérite le détour.



Mardi 12 juillet

Reprise du Main Event, aujourd’hui c’est le day 2B et nous reprenons sur des blinds 250/500 +50 d’antes. Je n’arrive à toucher un flop avec QJs, Ako mais je mise et mon second barrel à la turn est respecté. J’élimine ensuite deux joueurs shortstacks avec TT et KK, ce qui me permet d’arriver à 50K au milieu du niveau 7.
Arrive un coup difficile : je suis en BB avec JdJh et me contente de payer la relance du bouton pour masquer ma main. Flop : JsAh9h dont 2 cœurs. Je check il mise 2K, je relance à 6K et il suit. La turn dévoile une Qh. Je check il fait tapis et après réflexion je décide de passer. Il me montre KhTh et même si j’ai pris la bonne décision je retombe à 34K, retour à la case départ.
Je sors de cette édition 2011 au niveau 8, avec TT contre un joueur qui touche un brelan avec 44. Forcement déçue, je prends la direction de la sortie. J’espère pouvoir rejouer un tournoi de cette envergure prochainement et aller bien plus loin.



Mardi 13 au dimanche 17 juillet

La pression du tournoi commence à retomber, le moral remonte, il temps de profiter des vacances. Sin City est un parc d’attraction géant, ville lumière qui ne s’endort jamais. En déambulant sur le Strip, il n’est pas rare de croiser Elvis, Marilyn ou Michaël plus vrai que nature. Inondés de chaleur par 45°C à l’ombre, d’un vent chaud qui fait penser à un séchoir, pris en sandwich entre un évangéliste qui fait la quête et un racoleur qui propose les cartes de visite de filles nous n’avons d’autre choix que d’aller faire un tour dans les casinos.


Bien que dévalisé par Georges Clooney et Brad Pitt, le Bellagio n’en a pas perdu ses lettres de noblesse. Ce palace est absolument fabuleux : des tables de jeux à perte de vue, une dizaine de restaurants succulents pour ceux que nous avons testés, un jardin botanique aux mille couleurs et senteurs, une belle galerie d’art pour rapporter un Monet en souvenir après avoir gagné le jackpot, les qualificatifs manquent pour décrire cette impression de démesure. Que dire de la piscine, ou plutôt des piscines qui occupent un terrain de football ? Entourée de pins maritimes, du chant des oiseaux qui trouvent refuge dans ce jardin verdoyant aux couleurs de l’Italie, allongée sur une chaise longue à dorer au soleil, le moment est parfait, le rêve, le bonheur. Il ne me manque qu’un bon café serré, mais il suffit de demander un expresso pour être servie dans la minute. What else ?


Il est temps de grinder, direction le poker room pour une session de cash game. L’attente est un peu longue, il y a juste un petit tournoi à 10 000$ en cours, normal ! Je traverse la salle, une vingtaine de tables de cash game, les tapis vont de 200 à 20 000$, sympa. En allant chercher mes jetons, j’aperçois Doyle Brunson et Tom Dwan dans la Bobby’s room, l’antre des parties les plus chères au monde. Ils sont assis devant une montagne de jetons dont je n’ose imaginer leur valeur. Une table de NL 500 me convient très bien. Après deux heures de jeu et une grosse livraison je sors à 1 160$, cool. D’une manière générale à cette limite et en dessous, le style américain est assez loose passif même si on croise de très bons joueurs. Je vois beaucoup d’open limps UTG avec KJo, A3s, pour aller call contre en joueur une relance à 12BB. Par rapport à la France, je vois également un à deux joueurs par table qui effectuent des straddles. Le principe consiste pour le joueur UTG à poster 2BB avant la distribution. Ce joueur aura la parole en dernier préflop ; il en profitera souvent pour squeeze avec une grosse relance ou sur relance pour emporter le pot. J’ai également découvert cette variante depuis le bouton, ce qui donne l’avantage d’être dernier de parole préflop et postflop, intéressant.


L’offre en tournois et en cash game est très variable d’un casino à un autre, attention aux pièges à touristes ! Certains casinos comme le Planet Hollywood n’hésitent pas à prélever 10% de rake sans caper le pot en cash. J’ai pu voir également au Treasure Island un MTT à 50$ qui ne laissait que 35$ pour le prizepool, soit un rake de 30% ! Par contre les grandes poker rooms sont sérieuses, proposent des bonus en $ pour les paires d’as craquées, des bas beat jackpot ou encore du cash pour la meilleure main de la journée.

J’ai eu l’occasion de faire 4 MTT pour 3 places payées. J’ai vraiment good run, dommage que je n’ai pas eu un jeu comme ça au Main Event, mais je ne vais pas me plaindre c’est toujours agréable d’avoir quelques performances. Un jeu agressif, quelques tirages bienvenus, des flips qui passent quand il faut, bref Vegas m’a bien réussi cet été.
Une victoire au 50$ du Mirage qui a lieu deux fois par jours, nous étions 45 au départ. La structure est turbo, des rounds de 20 minutes et 5 000 jetons au départ. Il y avait beaucoup de joueurs qui découvraient le poker en live, j’ai pu assister à des choses assez comiques : un joueur en BB qui ne suit pas le tapis d’un shortstack avec une cote de 10/1 ou encore un joueur qui brûle sa main préflop en pensant que son adversaire était à tapis… on est loin des WSOP. Bilan 700$.
Au tournoi à 125$ de l’Aria, la structure est plus correcte, 10 000 jetons et des niveaux de 30 minutes. Nous étions 79 pour 7 places payées, les prix allant de 220 à 2050$. Après 6h00 de jeu et 6 joueurs restants, un deal est proposé comme souvent à Vegas. J’ai accepté les 764$ proposés au vu de mon petit tapis. Je reviendrai dans un prochain article sur les différents deal possibles lors d’un tournoi, savoir comment bien les évaluer.
Petit passage à vide sur un Megastack Series du Caesar Palace, dead cards tout le long, rien à signaler.
Toujours à l’Aria, sur un daily à 230$ et 15000 jetons au départ, j’ai réussi à me hisser en 3ème place pour un gain de 3080$ et de beaux souvenirs de Vegas !




Lundi 18 juillet

Un peu coupée du monde et du temps dans cette ville, nous réalisons à regrets que c’est notre dernier jour ici. En préparant les valises j’allume la télé pour la première fois depuis notre arrivée et tombe sur la chaîne ESPN qui diffuse les WSOP en léger différé. Ils ne sont plus que 57 au début du Day 7. Un visage me semble familier… lunettes, cheveux roses, mais bien sûr ! C’est Guillaume Darcourt qui a sorti le grand jeu, une montagne de jetons devant lui et qui pourrait bien marquer l’histoire du poker. La valise pourra bien attendre, nous nous précipitons dans un taxi, direction le Rio pour aller l’encourager. Les allées du Convention Center sont désertes, les stands en tous genre ont fermé boutique jusqu’à l’année prochaine. Nous arrivons au terme de cette édition 2011 des WSOP, des fortunes se sont faites, 57 champions ont gagné leur bracelet. Cette année marquera à jamais le poker dans l’hexagone avec un record à peine imaginable : 4 titres ! Le meilleur est peut-être encore à venir pour nous, un 5ème bracelet doré ne serait pas de refus. Guillaume en est capable, il a les tripes pour aller le chercher ça ne fait aucun doute. Au passage il reste 41.164.567 $ qui attendent de trouver preneurs.

Nous arrivons à l’Amazon Room, il n’y a plus que quelques tables et bien un couvreur par joueur, sans compter les équipes télé que ne veulent rien manquer du spectacle. Guillaume joue à la seconde table, le sourire aux lèvres, sous le feu des projecteurs et caméras. Quelques frenchies scandent « Pink Boa, Pink Boa » et nous rejoignons la fête. Rémy Biechel nous dresse le tableau : Guillaume marche littéralement sur la table, a déjà eu deux fois les as, une fois les rois et vient de toucher une quinte qui le propulse second du classement, whaou !



Remy nous apprend qu’un autre français et pas des moindres est encore en course. Stéphane Albertini, 6ème à l’EPT Deauville de 2010 et membre de la team Poker Leaders est en table télé. Le temps de monter dans les gradins, on aperçoit Stéphane debout en train de jouer son tournoi préflop avec AK contre QQ chez son adversaire. Laurie Bismuth, Antonin Teisseire, Kool Shen sont là pour le soutenir. Le sort en décidera autrement et sa quinte à la river donne un full à son adversaire.


Nous revenons supporter Guillaume, la pression est énorme. Avec Caroline son épouse, Rémy et Yann Enzinger, nous vivons avec intensité chacune de ses actions, suspendus aux rares annonces inaudibles du speaker, voire incompréhensibles car le board n’est pas retransmis sur les écrans. A la pause Guillaume est confiant mais la suite est bien triste : un bluff raté contre Ben Lamb qui est prêt à mettre son tournoi en jeu, suivi par une grosse confrontation à tapis préflop contre Brian Devonshire. Un setup inévitable, les rois pour Guillaume contre les as chez son adversaire et le miracle tant attendu n’a pas lieu. Il lui reste 2 millions de jetons, soit 20BB et rien n’est perdu. Une ultime confrontation contre Ahtoh Makiievskyi sur un flip met fin aux espoirs de notre dernier français si proche du Graal. Connu pour son agressivité sans limite, parfois détracté par ceux qui oublient que l’on joue à un jeu no limit, Guillaume fait partie de ses élites du poker qui ont encore les plus belles pages à écrire devant eux. Pour nous avoir fait rêver, merci. Rendez-vous début 2012 au tournoi ladies de Deauville ? Tu as une revanche à prendre mais contre les cheveux roses je n’ai aucune chance...